Cancer de l'ovaire : vers une détection précoce. Une vaste étude vient d'identifier un marqueur génétique impliqué dans cette maladie. Pourra-t-on un jour identifier très tôt les femmes présentant des risques de développer le redoutable cancer de l'ovaire grâce à des tests génétiques ? Une équipe internationale de chercheurs, conduite par les Britanniques Paul Pharoah (université de Cambridge) et Simon Gayther (University College de Londres), vient de franchir un premier pas en découvrant un variant génétique fréquent qui augmente de 20 à 40 % la survenue de ces tumeurs. Les résultats de ce travail titanesque, qui a inclus près de 10 000 femmes atteintes de cancer de l'ovaire et 13 000 témoins, viennent d'être publiés dans Nature Genetics. Relativement rares (6 800 nouveaux cas par an en Angleterre, 4 400 en France), les cancers de l'ovaire ont un pronostic sombre car ils sont souvent diagnostiqués tardivement, à un stade où la tumeur est de bonne taille et a déjà essaimé ailleurs. En France, ils sont au cinquième rang des décès par cancer chez la femme, avec plus de 3 000 morts par an. Dans 10 % des cas, une composante familiale est retrouvée, en relation une fois sur deux avec une mutation de certains gènes, également impliqués dans les cancers du sein familiaux. Nouvelle stratégie. Pour déterminer d'autres facteurs génétiques de susceptibilité aux tumeurs de l'ovaire, Paul Pharoah et ses collaborateurs se sont lancés dans une étude génétique portant sur de vastes populations. Très en vogue pour identifier les prédispositions à des maladies polygéniques (comme le diabète ou les maladies cardio-vasculaires), cette nouvelle stratégie consiste à comparer les génomes de milliers de malades et de témoins. Grâce à des puces à ADN, les chercheurs explorent les variations de séquences des gènes. En examinant ainsi des quantités industrielles d'ADN, il est possible d'établir des liens statistiques entre ses variations minimes du message génétique et la survenue de pathologies. Les chercheurs ont ainsi pu isoler un variant génétique situé sur un segment du chromosome 9, spécifiquement lié au cancer de l'ovaire. Selon leurs calculs, le risque de déclarer cette tumeur est 40 % plus élevé chez les femmes porteuses d'une double copie de cette «différence» par rapport aux femmes qui ne l'ont pas. Les auteurs de l'étude sont persuadés qu'à terme cette approche permettra de repérer les femmes les plus susceptibles aux cancers de l'ovaire, pour les surveiller de plus près. «Cela pourra aussi améliorer notre connaissance de la biologie de ces tumeurs, et conduire au développement de traitements plus efficaces», ajoutent-ils. «C'est un travail solide et très intéressant, mais il faut rester prudent quant aux retombées cliniques», tempère le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service de génétique oncologique à l'Institut Curie. Selon cette spécialiste, on est encore très loin des tests de prédisposition. «Bien d'autres facteurs génétiques de susceptibilité restent à identifier. Les auteurs eux-mêmes estiment que leur variant n'explique que 0,7 % de la composante polygénique des cancers ovariens, assure-t-elle. Surtout, il faut ramener leurs résultats en valeur absolue. Cette différence génétique fait passer le risque de cancer ovarien de 1 % à 1,4 %. Ce n'est pas très discriminant par rapport aux gènes de prédisposition familiale (BRCA1 et 2), qui multiplient le risque par 10 à 40.» 200.000 cancers des ovaires évités grâce à la pilule. Une étude confirme de façon «impressionnante» les bénéfices sur la santé de la contraception orale. La pilule protège contre les cancers de l'ovaire. L'étude publiée samedi dans l'hebdomadaire médical britannique The Lancet confirme de façon «impressionnante» et «au-delà du doute», selon l'article publié, ce qui n'était jusque-là qu'une hypothèse. L'hebdomaire affirme ainsi que la pilule contraceptive a permis de prévenir 100.000 morts de cancers des ovaires et 200.000 cas de ce cancer dans le monde depuis son introduction, il y a près de 50 ans. «Au cours des prochaines décennies, au moins 30.000 cas supplémentaires de cancer ovarien seront probablement évités chaque année en raison de l'utilisation de la pilule», ajoute l'étude. Prendre la pilule pendant dix ans réduirait, avant 75 ans, dans les pays riches, l'apparition de cancers de l'ovaire de 12 pour 1.000 femmes à 8 pour 1.000 et la mortalité de 7 pour 1.000 à 5 pour 1.000. Pour parvenir à cette estimation, le professeur Valerie Beral, qui travaille à Oxford au Royaume-Uni, a analysé 45 études épidémiologiques sur le cancer ovarien provenant de 21 pays, principalement d'Europe et des Etats-Unis, et incluant 23.257 femmes atteintes de ce cancer ainsi que 87.303 femmes non atteintes. Ces travaux ont été financés par l'association caritative britannique Cancer Research UK. Des effets mitigés. Outre le cancer des ovaires, la pilule protège aussi contre le cancer colorectal et celui du corps de l'uterus (un cancer développé à partir de la muqueuse qui tapisse l'intérieur de l'utérus), rapelle la revue. Néanmoins, le contraceptif n'a pas que des effets positifs. Il entraîne un risque accru de cancers du sein et du col de l'utérus. Et il comporte certaines contre-indications : problèmes de thromboses/caillots sanguins, maladie cardiaque, hépatique... The Lancet estime toutefois que les bénéfices l'emportent sur les risques, et plaide pour un «plus large accès» des femmes - sans passer obligatoirement par une ordonnance - à ce qu'ils appellent ce «puissant agent préventif du cancer».